" Lana ? Alias le "Lama" ? Mwahahah je sais ma blague était trooop drôle. Mhh... C'est une jeune femme plutôt discrète tu vois, pas l'genre à chercher des noises... Bof, faut dire que je la connais pas trop, juste que je la croise parfois dans la librairie du centre-ville ou dans les bibliothèques. Elle cause pas beaucoup et n'est pas super réceptive à l'humour... La preuve, elle n'a jamais rit en entendant mes surnoms ! Avouez que "Lama", c'est drôle, hein ?"

Inconnu.

" Ah oui, je la connaîs. C'est une fille très... spéciale. Elle n'est pas très bavarde, en fait, elle parle uniquement si elle a quelque chose d'intéressant à dire. Elle a un côté un peu farouche, très méfiant, vous voyez ? Lana est aussi très calme. Un jour, j'ai voulu lui payer un verre. D'abord, j'ai bien mis une bonne heure pour qu'elle accepte mon invitation. Ensuite... une fois sur place, elle est restée là, assise sur sa chaise, bras croisés et yeux rivés sur son verre... Vous croyez qu'elle me prend pour un pervers psychopathe ?"

Collègue de travail.

" Je la déteste ! Cette peste m'a assommé avec un livre ! Un livre, vous m'entendez ?! C'est une sauvage !! Il parait même qu'elle fait des arts martiaux... Je m'approche plus jamais de cette tarée !"

Un type qui passait par là.

" Lana possède une mémoire eidétique. Elle a donc une intelligence sur-développée. Pendant nos séances, elle n'a pas montré de troubles psychologiques ou psycho-moteur particulier. Elle semble cependant souffrir d'une légère agoraphobie, d'où son comportement prostré. Néanmoins, au bout d'une dizaine de séances, Lana s'est montré plus décontractée et m'a longuement parlé de littérature et d'autres sujets divers et variés avec une logique et une capacité d'analyse surprenante. Elle m'a avoué que ça lui faisait du bien de parler avec, je cite, "quelqu'un d'un minimum cultivé, qui ne la rejettait pas à cause de son intelligence". "

Psychiatre - Comportementaliste.

" Lana est une jeune femme très gentille, à l'écoute des autres et attentionnée. Elle fera tout pour aider les autres, quitte à se blesser, quitte à s'attirer des ennuis. Elle n'accorde pas beaucoup d'importance à sa propre vie, vous savez... Mais elle n'a jamais voulu me dire pourquoi. Mais soit, on s'amuse bien les week-ends, durant nos longues promenades !"

Amie proche.

" Lana. Paresseuse. Lève-tard. Super timide. Hum... je m'en-foutiste, aussi. Manque de tact. N'aime pas les gens simplets. Hautaine. Puis je dirais... Plutôt sympathique bien que secrète, dans l'ensemble."

Ancien camarade de classe.

Lana c'est cette lueur dans l'oeil, ce petit quelque chose d'indéfinissable dans ce visage aux traits détendus qu'anime une sensualité secrète. Auréolé d'une véritable forêt de cheveux fins,  plus d'une subtilité s'y affiche, tout juste esquissée. Des reproches muets aux sous-entendus polissons qu'on n'échange jamais devant témoin, tout y passe l'air de rien, l'air de tout. Ce sont bien ses yeux qui en disent si long. Ils brillent d'une étincelle, jamais la même. Petit feu follet qui agace, scintillement d'astre lointain, luisance féline se retrouvent tout à tour, et parmi tant d'autres miroitements, à aviver la douceur des prunelles. Les paupières bombées, écloses en bourgeon dans leurs alcôves, s'ouvrent sur des iris d'un vert sombre, nocturne. Ce regard autoritaire est surmonté de sourcils impérieux, qui tranchent sur sa peau de lys. Son expression est généralement paisible, un regard qui enveloppe ses interlocuteurs dans du velours et il ne tient qu'à eux qu'il demeure caressant. L'ovale de sa figure concoure de par ses lignes bien dessinées et ses traits purs à affirmer cette impression de sérénité parfaite quand bien même on ne pourra lui prêter de finesse ciselée et l'on pourra trouver ingrate sa physionomie. Son nez n'est pas de ceux qui se font oublier et singularise son profil par son tracé racé. Bien des sourires jouent sur ses lèvres et retroussent les commissures de sa bouche pleine et ourlée qui a quelques petites moues familières. Le teint clair et diaphane du minois se rehausse de rose aux lèvres et aux joues arrondies.

Assez grande, sa silhouette haut perchée atteint un mètre soixante-douze, dotée de la souplesse et de l'aisance qu'apporte la prime jeunesse. Son enveloppe charnelle exprime désormais la plénitude féminine à la fois généreuse et délicate. Les hanches épanouies s'harmonisent à la courbe du ventre moelleux, les bras sont ronds et bien tournés, légèrement musclés, les jambes demeurent en longueur sous les plis de ses vêtements. Quant aux autres agréments de sa personne, ils sont aux seules apprécitations de son futur amant.

Chaque jours parée de différentes façons, elle privilégie les habits de couleurs sombre et sobre. C'est aux petits riens qu'elle prête une grande attention. Lana enrichie toujours sa tenue d'un ou deux bijoux, parfois quelques bracelets pourvu qu'ils tintent sauvagement ou bien déposent un ornement. Elle se plait à arranger de diverses manières sa chevelure ébène aux multiples reflets bleu et violets, intense, mi-longs, vaguelettes serpentines dardant leur reflet que l'humidité ou la sécheresse de l'air, bouclent, moutonnent, lissent au gré de leurs variations. Une goutte d'essence florale sur le cou, l'éternel parfum de fleurs rouges sanguines clôt la mise en beautée.

Lana est née un 21 Juin, à Stuttgart, en Allemagne. Ses premières années se sont plutôt bien déroulées. Elle vivait au sein d'une famille aimante, son père était un éminent avocat, un génie du barreaux, comme le surnommaient souvent les médias. Sa mère quand à elle, était une journaliste reporter d'images, et de ce fait, n'était pas très (ou quasiment jamais) présente à la maison. Mais la petite Lana n'était pas spécialement affectée par l'absence de sa maman, l'amour de son père lui était suffisant. La petite fille avait également un grand-frère, Alexander, qu'elle appréciait beaucoup. C'était lui qui mettait l'ambiance dans la maison, avec son humour léger, ses petites farces et son rire cristallin. Oui, les premières années de notre futur documentaliste furent paisible. Seulement les premières.

Tout dégénéra quand elle entra dans le système scolaire. Lana savait déjà lire, écrire et compter avant tous ses autres camarades de classe, ce qui lui attira les foudres de ses derniers. Moqueries, vol de cartable, remarques acerbes et regards hautains se mêlaient à sa vie quotidienne. Son grand-frère lui, était plutôt bien accepté, il n'était pas très bon à l'école, il préférait de loin sa console de jeu ou le sport... Il ne semblait pas se rendre compte que sa petite soeur, de deux ans sa cadette, était martyrisée par les autres élèves. Et pour cause, la fillette s'arrangeait toujours pour que ses parents ne soient pas mis au courant. L'école primaire fut pour elle très difficile à vivre. Difficile d'être rejetée. D'être toujours au fond de la classe, délaissée. Difficile de supporter les remarques des autres. Elle fut blessée, perdit le peu de confiance en elle qu'elle possédait, et se réfugia petit à petit dans sa bulle, seule, coupé des autres. Elle n'avait pas sa place dans la société.

Au collège, même Alexander se retourna contre elle. A douze ans, elle avait écrit son premier roman, avait sauté trois classes (et donc dépassé son frère) et passait encore un test pour sauter encore une classe. Son frère, lui... avait redoublé et se faisait souvent sermonné par ses parents à cause de ses notes déplorables. Il trouvait que Lana se la "pétait un peu trop", il était jaloux d'elle, et ne lui adressait plus que rarement la parole.

Et cela allait en s'empirant. Les années passèrent et Lana, en plus d'être victime de farces douteuses et de remarques cyniques, devint littéralement le souffre-douleur de l'établissement. C'était une cible facile. Une jeune fille renfermée, qui n'arrivait pas à se défendre. Elle ne pouvait plus s'aventurer dans les couloirs de son école de peur de croiser une bande d'élève impatients de se défouler sur elle. Son père finit par remarquer la détresse de sa fille, mais il était trop tard. A la sortie de l'école, trois garçons de sa classe entraînèrent la petite à l'écart de la foule et la rouèrent de coup, comme d'habitude. Ils prenaient soin d'éviter de frapper son visage, pour pas que ses parents s'aperçoivent de quelque chose. Lana s'était reçu un énième coup et tomba lourdement sur le sol.

" Sale déchet ! T'es pathétique !"

Cette phrase resta gravée dans l'esprit de la demoiselle. Même aujourd'hui, ces mots martelaient encore son esprit. Déchet. Pathétique. Voilà les mots qui la définissait. Elle se souvient aussi du coup fulgurant qu'elle s'était reçu en pleine poitrine. Elle en eut le souffle coupé sous la douleur. Et dans un geste emprunt de vitesse et de hargne, un des autres garçon l'avait frappé au visage. Grosse erreur.

C'est comme ça que son père remarqua que sa fille se faisait martyriser. Ce visage meurtri par le coup. Il la retira du système scolaire et elle continua ses cours par correspondance. Mais voilà, le mal était fait. L'adolescente entra en dépression, reniant son intelligence sur-développée, qui était la cause de tous ses problèmes. Son grand-frère qu'elle aimait plus que tout ne faisait même pas attention à elle, Lana n'avait définitivement plus rien, plus personne vers qui se tourner.

Alors, elle décida de mourir. Adossée contre le mur de la salle de bain, ses cheveux noirs ébènes aux jolis reflets galactiques devant les yeux, elle empoigna une boîte de somnifère et d'un geste las, porta les médicaments à sa bouche. Elle s'aida d'un verre d'eau afin d'avaler le tout, et attendit. Son coeur, évidemment, ne supporta pas la dose de calmants ingéré, et le fit comprendre en battant à tout rompre, alors que tout son corps donnait l'impression de brûler de l'intérieur. Puis son coeur fini enfin par ralentir, lâchant progressivement. Sa main laissa tomber la boîte de somnifère et Lana s'écroula sur le sol. Elle n'entendit même pas son père arriver dans la salle de bain.

" - Tu as voulu te suicider ?
- J'ai voulu... oublier. "

Mensonge. Mais elle était encore vivante, alors elle se devait de rassurer son père. L'esprit embrumé, elle savait néanmoins où elle se trouvait, le paysage qui défilait à toute vitesse lui indiquait qu'elle était dans l'ambulance, en route pour l'hôpital. Après ce bref réveil, elle perdit de nouveau connaissance, tombant dans un lourd sommeil insondable, d'une obscurité abyssale.

Depuis ce jour, Lana voit un psychiatre. Avec le temps, sa dépression a disparue, mais la jeune femme est toujours aussi renfermée. Avec l'aide de son père, et avec beaucoup de patience, elle put sortir de chez elle sans faire de crise d'angoisse et même s'inscrire à des cours d'arts martiaux, pour apprendre à se défendre et ne plus avoir peur des autres. A 19 ans, désirant un métier au calme, elle termina ses études et fut embauchée en tant que documentaliste (ou libraire selon les établissements), en attendant que sa phobie s'estompe pour pouvoir exercer le même métier que sa mère, encore et toujours au travail... Mais il lui faudra faire beaucoup d'efforts pour y parvenir. Quand à son frère, elle perdit contact avec lui, en partant vivre seule à Mystéria. Elle ne sait pas si elle le retrouvera un jour, bien qu'elle redoute le moment où elle devra le revoir...